Allez, c’est l’époque des voeux, alors je vous souhaite une MAGNIFIQUE ANNÉE, pleine de glam… Même si 2022 s’est terminée par une triste nouvelle, la mort de Vivienne Westwood, ce qui m’a rendue profondément triste… La reine du punk, de la rébellion, de la controverse s’en est allée… Qui va bien pouvoir la remplacer ? Je ne vois personne malheureusement.
Mais cette newsletter n’était pas destinée à parler de contre-culture, de punk, ou de Sex Pistols, mais au contraire, d’une personne qui a suivi les conventions plutôt qu’elle ne les a bousculées… Oui la première newsletter de 2023 est placée sous le signe de l’élégance et du glamour. Je voulais vous parler de Jacqueline de Ribes ou la dernière icône du chic français.
Après une overdose de Kardashian, une avalanche de visages déformés par la chirurgie esthétique (pardon Madonna, j’e n’aime pas cracher sur les femmes qui n’assument pas leur âge, mais tu es allée un peu trop loin même si je t’aime d’amour quand même). Tout ça avec Mariah Carey et son tube de Noël en boucle depuis 3 semaines, bref, j’avais besoin d’une pause de bon goût. J’avais besoin de me plonger dans une époque où être chic était un art de vivre… Et Jacqueline de Ribes était comme une évidence.
Cette aristocrate assez peu connue du grand public, a fait l’objet d’une biographie, Divine Jacqueline, écrite par l’académicienne Dominique Bona. J”ai dévoré ce livre l’année dernière, et j’ai eu envie de consacrer un épisode de Please Radio à cette grande dame (podcast à écouter ici).
Jacqueline de Ribes me fascine à plus d’un titre : le monde auquel elle appartient, les grands Bals auxquels elle a assisté et sa carrière dans la mode…
Jacqueline, la socialite 5 étoiles
Jacqueline de Ribes fait partie de la jet set, qui a remplacé la Café Society de l’entre deux guerres. Après les Marie-Laure de Noailles, Elsa Schiaparelli et Louise de Vilmorin, c’est au tour de Marie-Hélène de Rothschild, Hélène Rochas et Jacqueline de Ribes de lancer les tendances.
La jet set se différencie de l’aristocratie par le fait qu’elle s’est légèrement encanaillée et que s’y mélangent gens du monde, artistes, entrepreneurs, gigolos et grands bourgeois…
Par ses parents, Jacqueline, née de Beaumont, avait un background relativement funky (je vous laisse découvrir ça dans le podcast). Mais elle a épousé un vicomte, Edouard de Ribes, issu d’un milieu très conservateur, royaliste légitimiste, qui dîne dans un service ayant appartenu à Marie Antoinette et habite un hôtel particulier qui ressemble plus à un musée qu’à une maison…
Mais Jacqueline a su s’émanciper et côtoyer des artistes, des milliardaires sud américains, des actrices, des couturiers, des Présidents de la République… Une vraie jet-setteuse qui a organisé les diners les plus courus de Paris…
Les Grands Bals
Jacqueline a connu la période des Grands Bals, même s’ils touchaient à leur fin… Les Grands Bals m’ont toujours fascinés, je me suis toujours intéressée à ces événements, sans doute pour le côté historique mais aussi pour le côté subversif et décadent. Un peu comme pour les soirées du Palace dans les années 80, j’ai l’impression que la fête y était folle et démesurée. Une débauche de moyens, de créativité, d’excentricité pour que l’élite s’amuse…
Jacqueline de Ribes a été l’une des invitées du Bal du Siècle qui s’est tenu à Venise en 1951, organisé par le milliardaire d’origine mexicaine Charles de Beistegui. Plus de mille invités qui arrivent au Palais Labia sur des gondoles, avec des déguisements extraordinaires…
Elle a aussi assisté au Bal Oriental, organisé par Alexis de Redé en 1969, l’un des bals qui aura défrayé la chronique par sa dégoulinante débauche de moyens : des hommes de couleurs ont été bookés pour jouer les esclaves nubiens, un acrobate d’origine asiatique restera juché toute la soirée sur l’une des cheminées. Totalement inconcevable aujourd’hui… Les 400 invités se pressent à l’hôtel Lambert sur l’Ile Saint Louis : Salvador Dali et sa muse Amanda Lear, Brigitte Bardot en maillot à cotte de mailles, et évidemment Jacqueline de Ribes, chicissime avec un déguisement qu’elle a confectionné elle-même…
La mode et Jacqueline de Ribes
Dans un milieu où les travaux manuels sont plutôt mal vus, Jacqueline de Ribes a toujours cousu : des déguisements et de décors de théâtre quand elle était en pension, puis plus tard, elle a transformé ses anciennes robes coutures pour leur donner une seconde vie… De l’upcycling de luxe.
Jacqueline de Ribes a ce chic ancré en elle, à commencer par un incroyable physique. Elle est très grande (1m78), son visage est émacié, son cou très long, son nez aquilin et fort. Ses cheveux sont noirs de jais. Bref elle ne passe pas inaperçue.
C’est sans doute pour cela que les couturiers l’ont adorée, et l’ont même fait travailler. Jacqueline de Ribes va collaborer avec Oleg Cassini le couturier de Jackie Kennedy, puis avec le marquis Emilio Pucci qu’elle rencontre dans une station de ski suisse, so chic… Elle est aussi une proche de Valentino Garavani et de Yves Saint Laurent.
Elle aura également fait l’objet de quelques séries photos parues évidement dans Vogue et Harpers Bazar. Diana Vreeland, la prêtresse de la mode américaine l’adore et lui présente Richard Avedon, qui fera 5 séries photos avec elle.
C’est donc assez logiquement qu’elle a eu envie de lancer sa propre marque. Décision totalement incongrue pour une aristocrate de sa lignée où les femmes ne travaillent pas. Surtout à 53 ans ! Elle aura connu un certain succès et ses collections seront vendues aux Etats Unis, au Japon…
Elle a même crée sa propre ligne de bijoux… J’aimerais tellement tomber un jour lors de mes virées aux Puces sur un bijou signé Jacqueline de Ribes !
Et cerise sur le gâteau, elle a même eu une rétrospective en son hommage au MET de New York en 2015, et ce, de son vivant, ce qui est un privilège auquel seul son ami Yves Saint Laurent a eu droit quelques années avant elle… Les chanceux ont pu découvrir les robes coutures Balmain, Ungaro, Marc Bohan pour Dior, Jean Paul Gaultier, ainsi que les propres créations de Jacqueline de Ribes et quelques costumes qu’elle a portés à l’occasion de bals et soirées.
Oui voila pourquoi j’aime Jacqueline de Ribes, parce qu’elle a “performé” sa vie, comme si elle savait depuis le début que sa vie ferait l’objet d’une exposition… Elle a d’ailleurs conservé toutes ses tenues et accessoires depuis 1960, avec un archiviste à demeure !
Je n’ai pas d’archiviste chez moi (lol), mais j’essaye dans une moindre mesure de conserver les belles pièces que j’ai achetées quand j’étais plus jeune et que je “claquais” pas mal en vêtements… Maintenant, je suis plutôt sweat-shirt Mickey et crocs Tie and Dye, plus pratique pour déposer les kids à l’école, faire des photos ou aller chiner des bijoux pour Pleaseness, mais j’essaye toujours d’avoir un petit détail chic souvent un bijou, c’est mon petit hommage perso aux élégantes du XXe siècle.
Allez je réitère tous mes veux de bonheur pour la nouvelle année. Que 2023 soit plus chic que 2022 !