Déguisement ou pas déguisement ??
Désolée pour ce manque d’originalité en ce jour d’Halloween… Mais j’ai décidé de consacrer cette newsletter au thème du déguisement…
Question existentielle : faites-vous partie des gens qui adorent se travestir ou de ceux qui angoissent dès qu’ils reçoivent une invitation à une soirée déguisée??
Perso, j’appartiens à la première catégorie.
J’aime le déguisement, pour son côté excessif. La fête est plus folle quand on est quelqu’un d’autre. Déguisé, on peut s’autoriser plus de transgressions. Ce n’est pas un hasard si ce sont les Romains qui ont lancé la mode, allez hop entre deux trois orgies, une fête consacrée au printemps et aux récoltes, et bam tout le monde se déguise… Puis à la Renaissance, ce sont encore les Italiens qui exportent le concept de bal masqué à la cour de François Ier, le mot “mascarade” est inventé. On festoie indécemment à Versailles, sous la Restauration, le Second Empire… L’idée, on se déguise pour passer incognito, l’anonymat pour plus de libertinage.
Les grands bals du XXe siècle
Moi les fêtes déguisées qui me font fantasmer sont plus récentes, ce sont celles du XXe siècle, l’époque des grands bals des années 30, ceux d’Etienne de Beaumont (le maître en la matière), des Faucigny-Lucinge, des Noailles. Bal des Jeux, bal des Entrées d'Opéra, bal de la Mer, bal Colonial, bal des Tableaux célèbres, bal des Rois et Reines… Rien que ces noms, ça me fait déjà voyager…
En 1929, Marie Laure de Noailles convie tout le gratin à son bal des Matières.
Rien que le carton vaut déjà son pesant de cacahuètes : “On est prié de ne pas venir en étoffe usuelle d’habillement. Suggestions : Toiles cirées, vanneries, végétaux, plumes, cuirs, tissus d’ameublement, papiers et cartonnages divers, etc ». Les fêtes sont désormais des performances, du mécénat déguisé, des occasions de faire travailler les artistes, qui sont désormais des invités prestigieux et non de simples fournisseurs. Le génial décorateur Jean Michel Frank travaille un an sur les décors de la fête, la chorégraphe Bronislava Nijinska, soeur de Nijinski est en charge des ballets. Le compositeur Francis Poulenc se verra commander un concerto pour l’occasion. Le peintre Jean Hugo réalise une fresque visuelle. Les fêtes costumées ou la véritable célébration des arts…
Puis après guerre, viendra le Bal du siècle, en 1951 à Venise (décidément l’Italie n’est jamais bien loin quand il s’agit de fiesta), bal clinquant organisé par Carlos de Besteigui qui a réuni tout le gratin mondial (de l’Aga Khan à Elizabeth Taylor en passant par Salvador Dali).
La fête chez les Rothschilld
Il y aura même deux bals Proust au XXe siècle (l’un en 1928 et un autre en 1971, si c’est pas de l’hommage, ça !!!). Celui de 1971, organisé par les Rothschild dans leur château de Ferrières (modeste demeure de 80 pièces), sera immortalisé par les photographies de Cecil Beaton dans Vogue. Yves Saint Laurent dessine les tenues de Jane Birkin, Nan Kempner, Hélène Rochas et la maîtresse des lieux, Marie-Hélène de Rothschild.
Les Rotschild ont aussi organisé une soirée de dingos en 1972, le diner de têtes surréalistes, esprit déjanté garanti ! Le texte de l’invitation est écrit à l’envers et à déchiffrer devant un miroir, les assiettes sont en fourrure noire, et les invités ont fait preuve d’une créativité débordante pour leur costume !
Mais j’ai vous ai déjà parlé de tout cela dans le podcast de Please Radio consacré à Jacqueline de Ribes (à écouter ici), aristocrate créative (et meilleure amie de Marie Hélène de Rothschild) qui se fabriquait elle-même des déguisements de maboule…
La fête est plus folle au Studio 54 et au Palace
Dans le genre fêtes de folie, on ne peut pas faire l’impasse sur les fêtes du Palace et du Studio 54, les deux hauts lieux de la nuit des années 70 et 80. Les corps des célébrités et des anonymes, des hétérosexuels et des gays, s’exhibent nus, déguisés ou couverts de paillettes… On se déhanche sur la musique disco, entre coupes de champagnes et rails de cocaïne.
La reine du Studio 54, c’est Grace Jones, sculpturale et divine…
En 1978, Karl Lagerfeld organise son bal vénitien au Palace : Loulou de la Falaise, Paloma Picasso, Andy Warhol, Anna Piaggi sont là bien évidemment! C’est le peintre Gérard Garouste qui signe les invitations.
Mais revenons aux déguisements d’Halloween. Certes en France, l’engouement pour cette fête celtique commence à prendre de plus en plus d’ampleur…
Mais pour qui est déjà allé dans un pays anglo saxon à cette période là (je vous écris cette newsletter de NY où c’est la grosse folie depuis 3 jours), c’est tout simplement du délire. Les déguisements se préparent des mois à l’avance et il faut faire preuve d’une imagination qui n’aurait pas déplu à notre Jacqueline de Ribes…
Je pense évidemment aux légendaires fêtes de Heidi Klum, qui est devenue la Pumpkin Queen. Quelques costumes parmi les plus fous : en vieille dame, en Jessica Rabbit, en princesse Fiona, en ver de terre… On peut difficilement faire mieux, non ?
Mais je suis obligée de mentionner les costume de Marc Jacobs (il me semble que c’était plus pour ses Xmas parties que pour Halloween) dont les déguisements en camel toe et en pigeon sont restés dans les annales !! Lol.
Et vous c’est quoi votre déguisement préféré ??
Allez (pour ceux qui la célèbre ) je vous souhaite une bonne fête d’Halloween.